Plaqueur infatigable (actuel cinquième de notre classement), Johnny Leo’o est un flanker discret mais diablement efficace. Le Racing ne s’y est pas trompé en faisant signer, en 2007, celui qui fut longtemps la doublure de McCaw aux Crusaders alors que le club visait la montée en Top 14. Portrait.

Sa première image de la France n’est pas la plus heureuse. Roissy, une froide matinée d’octobre 2007. En pleine Coupe du monde, Johnny Leo’o, accompagné de Brent Ward, est accueilli par Eric Blanc, ex-président du Racing-Métro qui vient de rendre les clés du club ciel et blanc à Jacky Lorenzetti. Le fondateur de Foncia a d’ambitieux projets. Pour cela, il faut que le Racing quitte la Pro D2 dans laquelle il croupit depuis quelques années et remonte en élite. Le recrutement de Leo’o, flanker néo-zélandais d’origine samoane, qui vivait jusqu’alors une carrière paisible et monotone aux Canterbury Crusaders, fait partie du plan.

Johnny Leo'o. (Photo Loïc Carret)

Dans la voiture, Leo’o est saoulé par le débit de parole de l’ancien trois-quarts centre de l’époque « show-biz ». Il aurait bien atterri dans son nouvel environnement plus en douceur. Raté. A son arrivée au siège du club, heureusement, il voit Simon Mannix, son compatriote et entraineur des trois-quarts franciliens. Cheveux hirsutes, habillé de la tête aux pieds en « All White », la tenue des footballeurs néo-zélandais, Mannix lui lance : « Welcome home, Johnny ! » C’est sa vraie entrée dans l’univers Racing, où la suite du parcours de Leo’o a tout de l’idylle.

Indispensable au dispositif mis en place par Pierre Berbizier dès sa première saison, ce plaqueur-gratteur est un des rares joueurs titulaire indiscutable en Pro D2 à l’être resté en Top 14. Ses statistiques parlent pour lui. L’an passé, il était le second meilleur plaqueur du championnat (161 plaquages en 21 matches, 166 pour le Clermontois Audebert en 28 matches, source Opta) et possédait le plus gros pourcentage d’efficacité en défense (96%). Ses partenaires sont unanimes à son sujet. Le jeune Nathan Lane, troisième ligne aile lui aussi, est dithyrambique sur son ainé : « Il est le meilleur plaqueur du club et celui qui récupère le plus de ballon. Mais c’est lui aussi qui, en attaque, permet bien souvent la continuité du jeu en faisant l’effort de ne jamais enterrer ses ballons. » Simon Mannix n’est pas moins avare de compliments : « Il fait partie des plus grands joueurs du monde à son poste. Il ne lui a manqué qu’un peu de chance pour avoir une carrière internationale digne de ce nom. »

Leo'o saute en touche face à Audebert. (Photo Loïc Carret)

Parce qu’aux Crusaders, Leo’o était barré par le meilleur joueur du monde, le capitaine des All-Blacks, Richie McCaw. Cela ne l’a pas empêché de remporter deux NPC, le championnat des provinces néo-zélandaises, et trois super 14, mais il n’a jamais pu honorer de sélections chez les All-Blacks. Il n’en retire aucun regret : « Aurais-je eu la carrière que j’ai connue si je ne m’étais pas entrainé tous les jours au côté de Richie ? J’étais heureux à Christchurch, pourquoi vouloir changer une vie qui me convenait?»

En 2007, il l’a pourtant fait, emmenant avec lui sa femme Marcelle et son premier enfant, Tani. Johnny apprécie la France. C’est à Paris qu’il souhaite terminer sa carrière. Mais il n’a pas oublié son style de vie samoan. A Antony, avec le Wallisien Mikaele Tuugahala, les Fidjiens Simon Raiwalui et Sireli Bobo, il a constitué une « petite communauté » où leurs treize enfants jouent dans les jardins mitoyens, où les hommes se retrouvent le soir, sortent une guitare et mangent ensemble. Comme au pays.

Un pays qu’il retrouvera une fois sa carrière sportive terminée. « Ma femme reprendra alors son métier d’institutrice. Moi, je souhaiterais m’occuper d’enfants en difficulté sociale. Je veux pouvoir m’occuper des mes propres enfants aussi, qu’ils grandissent en Nouvelle-Zélande, même si Ana et Iosua sont nés ici. » Ici, dans les environs de Paris, où leur papa Johnny est enfin sortie de l’ombre de McCaw.

Johnny Leo’o

(Racing-Métro 92)

32 ans dans une semaine

1,83 m ; 104 kg

Troisième ligne aile

48 matches de Super 14 avec les Crusaders et 71 matches de NPC avec Canterbury

Vainqueur du Super 14 en 2002, 2005 et 2006

Un Leo’o très discret

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