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Rugbymind
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3 février 2011

LE BUS : L' ALLER

Dans une bétaillère ou dans un car rutilant à deux étages, les   déplacements d'une équipe de rugby marquent durablement la carrière d'un joueur.   Toujours les mêmes rituels, les mêmes joueurs de cartes et les mêmes chansons   paillardes… Dans le car : l'aller

Quand on joue à l'extérieur, un match de rugby c'est 80 minutes   sur le terrain et surtout d'interminables heures de voyage en car. Pour un peu   que les types d'en face aient planté leurs poteaux à 400 km de chez vous, ça   veut dire départ dans le meilleur des cas à 7h du mat' pour un retour assuré   dans ses pénates à minuit, si on ne traîne pas trop.
      Tout commence dans le   petit matin blême d'un parking où l'on attend tous les traînards qui ne se sont    pas réveillés. Alors certains finissent leur nuit dans le carrosse, et d'autres,   complètement vaseux, errent à proximité d'une montagne de sacs de sport qui   s'amoncèlent sur le bitume, près des soutes qui ne sont pas encore ouvertes. A   cette heure là, les gens ne sont pas très loquaces. On se salue amicalement et   on s'évite mutuellement la terrible épreuve des haleines de poney. Car dans   l'urgence du réveil, peu ont le réflexe Colgate. Quant à ceux qui ont guinché la   veille, fusillés du regard par les entraîneurs, ils s'échouent sur la banquette   arrière telle de vieilles épaves.

Les sénateurs tapent le carton

Et puis l'équipage se met en branle comme un seul homme. Le   calvaire peut démarrer. D'ailleurs, bien souvent, la gueule que tire les   chauffeurs est assez édifiante : le pauvre a tiré le gros lot, quarante rugbymen   à convoyer pendant des heures, et en plus un dimanche, jour de repos, quelle   poisse ! Il y a d'abord les parrains du groupe, les sénateurs, ceux qui ont   assez d'autorité morale pour s'être appropriés les fameuses quatre places autour   de la seule table. Ceux-là, imperturbables, jouent aux cartes du début à la fin   du trajet, à l'aller comme au retour. Ces spécimens peuvent s'enfiler plus de   mille kilomètres dans la journée, en faisant abstraction totale de ce qui les   entoure, sans broncher, sans manifester le moindre signe d'impatience. Un   véritable îlot de sérénité. Impressionnant.
     Le reste émerge peu à peu dans   un murmure qui ne tarde pas à s'amplifier. Quelques salopards relâchent avec   délectation leur sphincter pour enfumer sans vergogne l'habitacle du car,   histoire de réveiller tout le monde. A croire que certains se gavent de   cassoulet la veille au soir pour commettre de tels attentats… Les regards se   braquent bientôt sur ce qu'il convient d'appeler l'opium du rugbyman en   transhumance : l'écran vidéo.

Film de baston à l'aller, le boulard au retour   !

Ce public est effectivement particulièrement cinéphile : c'est   film de baston à l'aller et film de cul au retour. Dès les premiers râles de Van   Damne et les premiers mots d'esprit de Wesley Snipes, le pauvre petit étudiant   qui s'était donné bonne conscience en emportant ses cours comprend vite qu'il   est temps d'abandonner ses vœux pieux. Lavage de cerveau jalonné de pauses pipi-cigarettes garantit de bonnes dispositions psychologiques avant le combat   dominical. L'abrutissement collectif est parfois interrompu par le coach qui   discrètement, se glisse sournoisement à vos côtés, échange des banalités   navrantes avant d'en venir à ce qui a motivé son intrusion : le match de   l'après-midi qui manifestement le tracasse au point de perturber une bonne   séance de cinéma. Quel con !
    Arrivés à destination, direction le petit   bouillon qui attend le troupeau affamé. Il est environ 11h 30, et les   sempiternelles crudités sont déjà servies dans les auges disposées en rang   d'oignons. A suivre…

.Prince d' Euphore

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