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Rugbymind
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2 février 2011

L' ECHAUFFEMENT

Maudits soient les échauffements ! Moment honni par tous   rugbymen normalement constitués, il nous fait flipper et nous donne envie de   gerber. En trottinant derrière les pagelles, encore tout ensuqués d'un repas du   midi mal digéré, on se demande bien pourquoi on a choisi ce sport…

Quel que soit le lieu de l'échauffement, dans un embut sous les   quolibets d'une foule hostile, sur un terrain vague, un champ de patates ou un   vieux bout de pelouse encadré par quelques arbres chétifs, personne n'a entendu   dire : " je me suis vraiment fait plaisir à cet échauffement…". Si c'est le cas,    vous êtes en présence d'un dangereux maniaque ou d'un préparateur    physique.L'échauffement, c'est d'abord la vision d'un troupeau qui piétine   un embut en tentant de soulever les genoux, de ramener les talons aux fesses… Pathétique, quand l'entraîneur lance le signal des fameuses accélérations   dans la largeur. Ces accélérations, censées être progressives ou foudroyantes,   ont de quoi laisser pantois l'observateur. Après le "top" d'usage hurlé pour   déchaîner les énergies et lâcher les chiens, un léger frémissement. Dérisoire.   Seul, un ailier s'extrait de la masse pour galoper frénétiquement au devant de   ses copains. Mais les autres restent groupés, paralysés, rouillés. Le signal   aura eu l'effet d'une épingle à nourrice plantée dans le cul d'un mammouth.                                                              

Le syndrome cotonou:

Mais faut comprendre, l'échauffement intervient toujours en   pleine digestion… et quelle digestion. Entre renvois de carottes râpées et de   jambon-purée, difficile de se concentrer sur les pompes-abdos qui vous préparent   au combat. Alors vient ce que certains joueurs appellent le syndrome "cotonou".    Suffoqués par la pression, les émotifs ont subitement les jambes en coton.   Anémiés, ils font des changements d'appuis qui tournent aux crochets de   vieilles.

Les plus indisposés s'en vont, solitaires, poser un fox salutaire   pour un estomac saturé par le stress. Quelques petits malins prétextent toujours   la "petite pointe dans la cuisse" pour ne pas courir avec les autres et font   semblant de s'étirer en grimaçant.
Et puis vient le premier contact avec    l'adversaire. Un contact visuel. On les aperçoit vaguement, au loin, dans   l'autre embut, à faire des allers-retours entêtants. Ils ont forcément l'air   costaud, affûtés, hyper motivés, ils ont les cuisses luisantes et dégoulinent de   vaseline, ce qui témoigne de leur détermination. On devine parfois l'écume qui   mousse ou coin des lèvres, leurs yeux exorbités. Envahi par une peur primitive,   celle qui fait avancer le gibier traqué, on se met à regarder ses chaussures en se disant " vivement cinq heures dans les vestiaires qu'on se fume la petite   clope du réconfort…". Et pour un peu qu'on joue à l'extérieur, en territoire   ennemi, chambrés par quelques ultras travaillés au rouge limé, alors ce   pessimisme se transforme en délire parano : vous avez tendance à surévaluer   votre vis-à-vis que vous pistez d'une manière obsessionnelle. Et les vertus   hallucinogènes des odeurs de camphre font le reste. Si votre homme n'est pas   tout à fait rachitique vous l'imaginez comme un monstre de puissance qui va tout   emporter et vous traîner sur 30 mètres comme un vermisseau, s'il fait 40 kilos,   ça doit cacher quelque chose, vous vous suggérez qu'il doit avoir des cannes de    feu et qu'il va vous humilier sous les hourras du public.

Bref, il est alors   vraiment temps de regagner les vestiaires parmi les rots caverneux, les pets   foireux et le claquement des crampons sur le carrelage des couloirs. Débarrassés    de nos démons qui nous hantent, le vrai combat va commencer…

Prince d' Euphore

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